Quelle serait en français l'édition de référence pour les oeuvres de Conan Doyle (et pourquoi) ? (Pour Sherlock Holmes, bien sûr, mais également pour le reste de sa production).
Je considérais jusqu'à ce jour que ce rôle était rempli (pour Holmes) par l'édition Omnibus, qui a le grand avantage d'être bilingue. Mais je lis sur Wikipedia que l'édition Robert Laffont est considérée comme la meilleure en français (information que n'auraient pas laissé passé les distingués membres de votre société si elle était fausse). Encore une fois : d'après quels critères cette édition serait meilleure ?
(Question de la part d'un simple amateur de littérature dont la courte vie l'oblige à lire les textes peut-être une seule fois et qui tient, de ce fait, à le faire dans la meilleure édition possible).
Amicalement,
DraaK fut là
Bonjour Président,
J'ai mis à jour la page Conan Doyle de Propagerlefeu.fr
J'espère que nous pourrons continuer à échanger sur Holmes : Je n'en suis qu'à la moitié de ma lecture et je suis sûr d'avoir encore plein d'interrogations ; sans parler des autres écrits de l'auteur. Je suis sûr que mes perplexités seront l'occasion d'apporter ici des éclaircissements utiles à tous les amateurs de Conan Doyle.
Je prends pour moi de remettre le masque que, de toute façon, j'ai soulevé un instant. Cela pour ne pas polluer mes autres activités.
Amicalement,
DraaK fut là
Cher Président,
Je suis désolé du malentendu et de votre désagréable surprise. J’espère que les explications qui suivent me permettrons de juger de mes intentions.
Commençons donc par les présentations : Je m’appelle Remi Dequidt, quarantenaire (bien sonné) du Nord de la France. L’utilisation d’un pseudo ne vient pas, bien sûr, d’une volonté de dissimulation.
L’utilisation du pseudo est la règle tacite et un amusement sur un forum littéraire que je suis avec attention depuis plusieurs années et sur lequel j’interviens très épisodiquement (https://brumes.wordpress.com/la-bibliotheque-de-la-pleiade-publications-a-venir-reeditions-reimpressions/)
Ce forum est consacré à la collection de la Pléiade. Les intervenants de ce site offrent au public des interventions de très bonne qualité, mais qui se perdent malheureusement dans un interminable fil de discussion.
Il m’est donc venu (fin 2017) l’idée de créer un site (http://propagerlefeu.fr/) pour répertorier les meilleures éditions des grands classiques ; ainsi que pour référencer les sources intéressantes (livres, sites…) sur les auteurs. L’avantage de ce site est que l’information y est organisée (une page par auteur), ce qui périme moins les interventions de chacun (ceci dit, il y a peu de lecteurs et encore moins d’interventions ; il faut avoir l’humilité de reconnaître que c’est presque un site aide-mémoire pour moi-même).
C’est dans ce cadre (et pour mon édification personnelle car je suis véritablement devenu un amateur de Sherlock et de Conan Doyle) que je me suis permis de vous consulter.
J’ai continué, sur Propagerlefeu.fr et ailleurs, à utiliser le pseudo que j’avais créé sur le site de Brumes, et c’est devenu une habitude pour tous les « sujets littéraires », essentiellement par amusement ; l’autre avantage étant que cela dissocie ces sujets de mes autres activités dont certaines relèvent d’un sérieux qui ne rend pas tout compatible (je suis expert-comptable, formateur en fiscalité pour ma profession, commissaire aux comptes…)
Je n’ai pas voulu avancer à visage couvert : Dans une première intervention, j’ai envoyé un lecteur de votre blog vers mon site car il me semblait répondre parfaitement à sa question (Sujet « Livre sur les méthodes de Sherlock ») et je citais également mon site dans ma question sur la meilleure édition française de Sherlock (intervention du 13 mai ; c’est la question à laquelle vous avez répondu).
Sans doute aurais-je dû être plus explicite et je vous présente mes excuses pour ne pas avoir été plus clair.
Je me suis permis de citer des extraits de notre conversation, ce qui a l’avantage d’organiser le propos ; et j’ai ajouté un lien vers votre site (sur lequel je suis également tombé par hasard. Auparavant, je ne citais qu’un site anglophone). Mais je comprends maintenant que cela puisse vous déranger, bien sûr. Je vais modifier la page au plus tard ce week-end pour renforcer les liens vers le « For Holmes » et reviendrai vers vous pour être certain que tout vous convient bien.
Je vous remercie dans tous les cas pour toutes les très intéressantes (et amusantes) précisions que vous m’avez apportées. Encore désolé pour ce regrettable malentendu qui, je l’espère, ne ternira pas nos futurs échanges. Vous avez mon adresse mail personnelle si vous souhaitez échanger « en off ». Si d’ailleurs vous pouvez m’envoyer un mail, je pourrai m’assurer ce week-end que tout vous sied sur Propagerlefeu.fr sans polluer le « For Holmes ».
Bien à vous,
DraaK fut là 😉
Par hasard, je viens de tomber sur cette page : http://propagerlefeu.fr/conan-doyle/
Mes réponses données sur ce forum s'y trouvent copiées et collées.
M'a-t-on demandé mon autorisation ?
Pourquoi ne pas avoir mis un lien direct vers ce sujet ?
Il est pourtant en libre accès et gratuit.
Alors, un lien et pas de copié/collé. Merci.
Et comme je l'ai indiqué sur d'autres sujets, ici, par respect pour la communauté qui anime et alimente nos échanges, il faut s'inscrire sous son identité et non en utilisant uniquement un pseudo anonyme.
Cela me semble tellement élémentaire.
Merci donc de rectifier votre inscription et de vous présenter, ce qui me semble la moindre des choses. Il n'y a pas de honte à venir dialoguer ici.
J'ai joué le jeu en répondant rapidement, avec soin et détails à vos questions. Je compte sur vous pour équilibrer l'échange.
Merci pour la source. Je viens de commander.
DraaK fut là.
Concernant les différences parmi les versions en anglais, pour aider à définir la source de référence, je conseille la lecture de A Sherlock Holmes Commentary, de David Martin Dakin. Edition après édition, c'est la foire aux différences, aux coquilles, aux coupes volontaires et involontaires, aux adaptations de l'anglais vers l'américain, etc.
L'intégrale bilingue d'Omnibus possède, en plus des erreurs de source et de traduction, une autre originalité : l'inversion d'illustrations. Pas les dessins de Paget, mais les petits dessins qui font partie du texte de Conan Doyle, comme un code d'hommes dansants, ou, encore plus déroutant pour le lecteur, un plan de lieu pour un autre. Cherchez et vérifiez, vous allez trouver...
Bas le Masque !!! :-)
C'est bien dans la traduction du Masque.
La traductrice avait exprimé sa volonté de dépoussiérer l'œuvre et la rendre plus moderne en actualisant le vocabulaire et les références. L'exemple qui symbolisait cette démarche était celui de L'Escarboucle bleue où les oies sont remplacées par des dindes. Pourquoi ? Parce que, dans la France de la fin du XXe siècle, à Noël, on plume une dinde, et de moins en moins une oie. Seulement, dans le récit de Conan Doyle, la couleur de l'animal, et en particulier la particularité du plumage de certaines, constitue un élément important de l'énigme.
Ce choix, comme des dizaines d'autres inventés pour cette seule intégrale du Masque, rendait le folklore anglo-saxon, victorien et holmésien totalement étranger de la version française. Hors de cette intégrale, le lecteur se trouvait face à des éléments "nouveaux" et inédits dans n'importe quelle adaptation des aventures de Sherlock Holmes à l'écran, dans les pastiches et, of course, les autres éditions, en anglais comme en français où les oies étaient toujours des oies, etc.
Bref, il s'agissait sans doute d'une manière de se démarquer. Et on peut dire que ce fut la seule réussite de cette édition.
Il y a la "légendaire" traduction des éditions du Masque (j'ai peur de dire une connerie… c'est peut-être la dernière traduction Omnibus, vu que, dans un premier temps, la traduction Omnibus était simplement celle de Laffont avant de passer à une traduction "personnalisée").
Toujours est-il que dans "Une étude en rouge", lors de la première rencontre entre Holmes et Watson (en vue de partager le loyer du même appartement),lorsque les deux hommes font état de leurs défauts respectifs susceptibles de gêner un colocataire, Watson dit "I have a Bull Pup". Alors, soit, il est bel et bien le maître d'un bouledogue dont on entendra plus jamais parler par la suite (mais qui a droit à d'amusants clins d'œil dans les films de Guy Ritchie), soit c'est une expression signifiant que Watson peut avoir une humeur de bouledogue de loin en loin, soit… soit, soit, soit. :-) Mais (et, hélas, encore une fois, je ne sais plus si c'est la traduction du Masque) transformer ça en : "Il m'arrive de peigner la girafe" (????????) ça en devient presque du grand art tellement c'est n'importe quoi. :-) Parfois, je me dis , si on avait que ça à faire, qu'il serait amusant d'organiser une sorte de "Razzie Awards" des traductions les plus surréalistes. :-)
Si vous en avez d'autres qui concernent le Canon, je suis preneur ; C'est un excellent moyen de vérification rapide de la qualité d'une édition (ce qui est mon sujet...) et - ce qui ne gâche rien - c'est extrêmement amusant.
DraaK fut là
Allez hop ! Je me répète, car j'évoque souvent l'exemple suivant, mais il est tellement bon...
Traducteur d'eau douce
Murderous Attack... à coups de gilet de sauvetage !
Dans leur livre (The Sherlock Holmes Miscellany), nos amis anglais Roger Johnson et son épouse Jean Upton attirent l’attention des lecteurs d’aujourd’hui sur quelques pièges dans lesquels le vocabulaire victorien peut déjà nous faire tomber quand on lit le Canon dans sa version originale : si vous pensez qu’en anglais, "a life preserver" ne peut être qu’une bouée de sauvetage, vous avez sans doute eu du mal à comprendre comment Wilson Kemp a réussi à en dissimuler une dans la manche de sa veste dans L’Aventure de l’interprète grec. L’explication est dans le Sherlock Holmes Miscellany, mais je vais aujourd’hui vous la donner ici pour vous permettre de comprendre ce qui suit. Un life preserver, c’est aujourd’hui une bouée ou un gilet de sauvetage, mais, à la fin du XIXe siècle, c’était aussi une arme d’auto-défense, sorte de matraque, citée dans Le Diadème de béryl, L’Interprète grec, et Les Plans du Bruce-Partington.
Et maintenant, vous allez rire... Dans le recueil de pastiches holmésiens de Gary Dexter, titré "Le Souilleur de femmes d’Oxford", on peut lire le passage suivant, dans l’édition/traduction française :
« Dès qu’il a entendu ses cris, il s’est rué dans la rue en brandissant un gilet de sauvetage. » (page 62 de l’édition Le Dilettante)
Cette description intervient lors d’une agression. J’ai relu trois fois le passage pour tenter de comprendre. L’image d’un voyou attaquant sa victime à coups de gilet de sauvetage en plein Londres était digne d’un des meilleurs sketches des Monty Python, mais dans le livre de Dexter, ça sonnait faux. J’ai donc illico recherché le texte original pour vérifier et le voici :
« As soon as her screams were heard the porter ran out of the Hall and into the street, brandishing a life-preserver, but of the attacker there was no sign.»
Un gilet de sauvetage ? L’arme était bel et bien le fameux life-preserver, cette matraque en usage au moment de l’action. L’auteur a pris soin de la citer démontrant ainsi sa culture victorienne et offrant, peut-être, une référence à ses lectures du Canon. Bravo !
Mais que dire du traducteur (Thierry Beauchamp) ? S'il ne connaît pas ce vocabulaire victorien, pourquoi ne prend-il pas la peine de faire une recherche au moment où il traduit "life-preserver" par "gilet de sauvetage" dans une scène de combat. Et son éditeur français n'a-t-il pas été choqué à la lecture du manuscrit, puis la relecture des épreuves, par ces coups de gilet de sauvetage assassins...
Ceci dit, il n’y a pas que ces coups-là qui sont assassins. La traduction du livre de Dexter est truffée d’erreurs dignes d’un collégien. Est-ce pour cela que le roman de Dexter a fini par me tomber des mains à la page 140 ? En partie.
La médiocrité des intrigues est aussi responsable, mais c’est une autre histoire...
Je fais un tout petit hors sujet :il s'agit toujours de traduction et de traducteurs mais pas du canon, simplement d'un pastiche holmésien d'Allan Sharp (Les nobles conspiratrices). Toutefois, depuis tente ans que la phrase d'intro me fait à la fois hurler de rire et grincer des dents, je ne peux pas résister (je n'ai pas le texte original mais, bon… ce n'est même pas utile pour se rendre compte de l'énormité surréaliste de la traduction de Jackie Landreau-Valabrègue). Enjoy !
"Je connaissais l'inspecteur Godfrey Lestrade - qui détestait son nom de baptême: Christian, et évitait de l'utiliser- depuis le début de ma longue association avec Sherlock Holmes".
Apparemment, "Christian name", la traductrice ne connait pas ! :-)
Primo, de mémoire, donc à vérifier, je crois que la parution de l'intégrale Néo a été interrompue avant la fin.
Secundo, toujours de mémoire, je crois que la traduction est celle de Tourville.
Bref, c'est la misère.
Si mon PrésidenD prend le temps de venir commenter ce sujet, je me dois de le remercier en ajoutant un exemple au dossier en cours. Un exemple qu'il connait par cœur, mais l'occasion fait le larron et cela profitera à d'autres...
Une boulette dans la traduction de Bernard Tourville, pour les éditions Robert Laffont et le Livre de poche.
Au début du Mystère du Val Boscombe, Bernard Tourville décrit, par sa traduction, une scène où Holmes et Watson sont dans un compartiment de train...
« Nous eûmes le compartiment pour nous seuls, ce qui permit à Holmes d'étaler un énorme paquet de journaux, parmi lesquels il chercha sa pâture ; il ne s'interrompit que pour prendre des notes et réfléchir. Puis tout à coup il en fit de grosses boules et les jeta, sauf une, par la fenêtre du wagon. »
Notez le détail : toutes les boules sont jetées par la fenêtre, sauf une. Pourquoi ? Quelle est cette boule digne d'être conservée ? Si Watson en parle, c'est qu'elle a son importance. Mais dans la version originale, tout change :
« We had the carriage to ourselves save for an immense litter of papers which Holmes had brought with him. Among these he rummaged and read, with intervals of note-taking and of meditation, until we were past Reading. Then he suddenly rolled them all into a gigantic ball, and tossed them up on to the rack. »
Et en français "maison" :
« Dans le compartiment, il n'y avait que le paquet de journaux que Holmes avait apporté et nous deux. Il les fouillait et lisait, en s'arrêtant pour prendre des notes et pour méditer jusqu'à ce que nous ayons dépassé Reading. Puis tout à coup il en fit une gigantesque boule qu'il lança dans le filet »... à bagages, et non par la fenêtre.
Ainsi, un traducteur français a voulu faire passer Holmes pour un pollueur de la campagne anglaise.
Sérieusement, où sont passées les autres boules de papier ?
Parlons plutôt de boulette pour Tourville... Dans quel but a-t-il ainsi modifié l'oeuvre originale ? Mystère.
Et dommage pour la référence à la gare de Reading, coupée par le traducteur. Elle permet d’estimer la durée de la scène, quand on se lance dans une étude holmésienne digne de ce nom.
Bon, certains vont me dire, comme d'habitude, que c'est un détail sans conséquence, formule aimable pour signifier que je ne sers à rien. Hein?... Grossière erreur ! La preuve par l'exemple :
Cette boulette du traducteur fut fatale à l'auteur Jean-Jacques Sirkis. Dans son étude intitulée "La Grand’mère de Sherlock Holmes", page 215, il tombe dans le piège de l'erreur de traduction et reprend ainsi les termes de Bernard Tourville dans « Le Mystère de Val Boscombe », affirmant que, dans le train, Sherlock Holmes fit une boule des journaux qu’il venait de lire et les jeta par la fenêtre, alors que dans la version originale du texte, on le sait tous maintenant, Sherlock Holmes jette cette boule de journaux dans le filet à bagages.
Allez, la prochaine fois, on étudiera une coquille sur perte de jeu et un échange de dialogue dans "La Maison vide" version Laffont/Tourville.
N'étant plus passé sur le forum depuis un moment, je découvre le sujet. Comme d'habitude, je suis totalement de l'avis de Thierry quant aux traductions. Pour le plaisir ("Herbert Léonard, sors de ce corps !"), n'importe quelle édition française peut faire l'affaire. Toutefois, je déconseille FORTEMENT la traduction Robert Laffont (même si c'est à travers elle que j'ai découvert le canon il y a... hum… quelques décennies ) ! Entre autres fantaisies (fort nombreuses !) on y découvre, dans "Le chien des Baskerville" une erreur absolument impardonnable du traducteur, un erreur indigne d'un traducteur digne de ce nom et, de plus susceptible d'indiquer une fausse piste aux holmésiens en herbe ! La datation de cette histoire demeure problématique puisque, normalement, en 1889, année durant laquelle se déroule ce récit d'après l'inscription sur la canne oubliée par le Dr Mortimer, Watson devrait être marié et il ne l'est pas. D'où diverses théories quant à "la bonne année" . Eurêka ! s'écrierait le lecteur de la traduction Robert Laffont, j'ai trouvé l'indice définitif grâce à la phrase de Watson: "Depuis cinq ans que je connaissais Sherlock Holmes…" Or donc, roulez trompettes et sonnez tambours, 1881+5=1886 !!!! Problème résolu sans même trois pipes ! Sauf que le traducteur ( un peu pressé ? Myope ? Affamé alors que son épouse criait "à taaaable !") a lu "five years" au lieu de "few years" !!!!!!!!!!!! Là, on dépasse le cadre de l'anglais victorien, on est clairement dans le non professionnalisme !
JC Mornard
PrésidenD de la SSHF (non ce n'est pas une faute, Thierry et moi sommes comme les Dupondt et avons décidé, puisque son prénom commence par un T et que mon nom de famille se termine par un D, d'adopter cette référence pour notre coprésidence) :-)
Et j'en ai des meilleurs encore. Patience... ;o)
Le prodigieux Jacquemart. Ah ah ! Voilà qui fait ma journée ! Merci, merci.
D'ailleurs, c'est très intéressant cette histoire d' "anglais victorien". Vous auriez, par curiosité, un ou deux exemples d'original piégeux qui aurait été mal traduit ?
Le premier exemple qui me vient en mémoire, c'est celui du fameux gazogène. L'objet est bien mystérieux. Il sert à la production d'eau gazeuse dans le service à boissons alcoolisées du salon de Baker Street. A une époque, en France, il a été pris pour une installation comparable à celle qui équipait les automobiles françaises sous l'Occupation pendant la Seconde Guerre mondiale. Encore plus mystérieux...
Un autre : dans Le Vampire du Sussex, on évoque "the Hammersmith wonder" et cela sera traduit par "le prodigieux Jacquemart" sous la plume d'un traducteur français...
J'en ajouterai d'autres dès que possible.
Quelle est d'après vous l'édition de référence en anglais ?
La réponse n'est pas simple. Pour faire court, disons que l'édition Oxford est bien, mais les responsables (nos amis de la Sherlock Holmes Society of London) indiquent eux-mêmes qu'ils ont fait des choix que d'autres peuvent contester. Tout est précisé dans les notes (qui sont nombreuses).
L'intégrale en trois volumes, annotée par Leslie Klinger, elle, s'appuie volontairement (vous lirez sa préface pour comprendre son choix) sur les éditions américaines. Elle n'est donc pas bonne pour nous et ce que nous voulons en faire ici. Je crois bien que c'est celle utilisée par le traducteur de l'édition Omnibus...
Merci Président pour cette réponse.
J'ignorais complètement que le problème des sources se posait. Mais, bien sûr, maintenant que vous le dites, si cette question se pose pour Montaigne, pourquoi ne se poserait-elle pas pour Conan Doyle (ou Jules Verne, dont la situation doit être un peu comparable en terme de considération "universitaire") ?
Je pensais évident que le texte original était celui paru dans le Strand Magazine, par exemple. C'est dans ce texte que le public a pu connaître Sherlock, ce qui est intéressant en soi. D'ailleurs, de manière un peu contre-intuitive ou même choquante, on remet parfois en question l'idée que le "bon texte" correspond au dernier état voulu par l'auteur avant sa mort. C'est par exemple le choix qui a été fait par l'excellent Georges Forestier pour son Racine en Pléiade : Publier non pas le dernier état des pièces, mais au contraire les publier dans leur état lors de leur première représentation publique. Pour Conan Doyle, la simple paresse devrait conduire à retenir les textes originaux des magazines, ce qui me semle une bonne solution parmi d'autres.
Si l'on veut lire le meilleur de Conan Doyle (car c'est bien le sujet), ma question deviendrait alors : Quelle est d'après vous l'édition de référence en anglais ? (Même si se pose alors la difficulté que le lecteur lambda (dont je suis), ne saura pas forcément mieux traduire que les professionnels).
D'ailleurs, c'est très intéressant cette histoire d' "anglais victorien". Vous auriez, par curiosité, un ou deux exemples d'original piégeux qui aurait été mal traduit ?
Un grand merci à vous,
DraaK fut là.